Sasaki ne savait pas si elle devait croire ce jeune homme ou croire ce que sa peur lui dictait. Sa mère lui avait toujours dit que la peur était mauvaise conseillère. Mais qu'en était-il quand elle avait en face d'elle les conseils d'un inconnu qui lui demandait de se jeter dans le vide ?
-Non... Non...
Soudain, un bras blanc sortit du portail, main ouverte. Sasaki sursauta, encore moins désireuse d'entrer dans ce portail. Pourtant, cette main n'essaya pas de la saisir. Elle restait là, chaleureuse, attendant tranquillement qu'on la saisisse sans agressivité ou impatience. Elle repensa à ses rêves. A la voix qu'elle entendait, cette personne qu'elle cherchait. Elle ne savait pas pourquoi elle y pensait en cet instant, mais c'était comme si cette main lui rappelait cela. Etait-ce cette voix qu'elle cherchait qui venait à sa rencontre ? Dans son esprit, elle avait l'impression d'entendre une voix, une petite voix à peine perceptible comme un souffle qui lui disait que oui, c'était la voie vers la personne qu'elle s'était mise en tête de retrouver.
Elle s'avança prudemment en s'éloignant le plus possible de Michel, en rasant les murs. Elle s'approcha de la main. Elle la saisit en tremblant. Quand ce fut fait, elle eut la sensation d'une grande chaleur réconfortante comme si elle était dans les bras de sa mère. Une conversation télépathique s'engagea:
-Quel est ton nom ?
-Sasaki.
-As-tu peur Sasaki ?
-Oui, beaucoup.
-Et c'est normal. Si tu passes ce portail, tu seras en face de ton destin, en face de la vérité éclatante, de ta vraie nature. Je te préviens, ton avenir n'est pas brillant. Veux-tu venir ? Me fais-tu confiance ?
-Non. Mais j'ai la sensation que je dois vous suivre. Que c'est ce pourquoi je suis née. Que si je ne vous suis pas, je ne ferais rien de ma vie, que ce ne sera que vide.
-Alors viens.
Sasaki traversa le portail, emportée dedans comme aspirée. Elle avait la sensation d'être tombée tête la première dans une mare glacée. Et c'est cette même eau froide qui semblait la protéger des ténèbres qui l'assaillait dans l'entremonde.